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Conduits par Ben Wade, des hors-la-loi attaquent une diligence. Le conducteur est tué. Le fermier Dan Evans et ses deux fils ont assisté à la scène. Wade se rend ensuite dans la ville voisine, accompagné de ses complices. Dan, qui s'y trouve également, le fait arrêter. Pour gagner 200 dollars, il accepte de surveiller le malfrat. Installés à l'hôtel, Dan et son prisonnier attendent le train de 3h10 pour Yuma...
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" Je tiens 3h10 pour Yuma pour mon meilleur western : j'ai essayé de créer un nouveau style dans la manière de raconter une histoire et j'y suis parvenu, du moins je le pense " disait Delmer Daves lors d'un entretien en 1960.
Un duel entre un fermier qui devra déjouer les ruses physiques et psychologique du hors la loi et trouver une obligation morale à sa mission et résister eux tentations du bandits. Ce même bandit, homme extrêmement intelligent, ne cesse de chercher la faille qui lui rendrait sa liberté mais peu à peu son gardien le déduit par son incorruptibilité.
Ce film peut nous rappeler un autre grand classique du genre " Le Train sifflera trois fois " qui nous donne également une leçon sur la droiture, l'héroïsme et l’honnêteté.
Les deux films possèdent d'autres points commun : titres horaires - noir et blanc - mélodie et chanson - la mise en scène - même froideur et austérité apparentes - huis-clos citadin à partie d'un certain moment jusqu'à l'arrivée du train - la tension du final. Deux films très ressemblant mais paradoxalement opposé car l'un peut s'apparenter à un exercice de style et le second par une mise en scène ultra-perfectionniste.Que dire du final étonnant ? Après avoir été ennemi durant tout le film, le bandit, contre toute attente, sauve le vie du fermier en acceptant de se laisser emprisonner.
Y a pas à dire, la nature humaine montre quelques fois son bon côté. Les deux hommes ont appris à s'apprécier et ne pas se juger. Une fois son travail accompli, le fermier recevra la prime promise et mettra ainsi sa famille à l'abri du besoin.
Fier d'avoir accomplit cette action à l'égard du fermier, le sourire aux lèvres il dira
" De toute façon, il me sera facile de m'évader de la prison de Yuma ". Le fermier lui rétorque que son boulot terminé, ce ne serait plus son problème. Une amitié est-elle en train de se nouer entre les deux protagonistes ? Le bandit devient de plus en plus sympathique. Nous sommes déjà prêt à lui pardonner tous ses méfaits.Notons au passage que c'est Glenn Ford qui devait jouer le rôle du fermier mais il insista pour se faire donner celui de Wade. Un rôle plus complexe, à la fois enjoleur, sympathique, pervers, haïssable et il excelle dans tous ces différents registres et prouve s'il en est encore besoin de le souligner qu'il est un excellent acteur.
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Un jeune homme d'origine modeste est accusé du meurtre de son père et risque de mort. Le jury composé de douze homme se retire pour délibérer et procède immédiatement à un vote : onze votent coupable, or la décision doit être prise à l'unanimité. Le juré qui a voté non-coupable, sommé de se justifier, explique qu'il a un doute et que la vie d'un homme mérite quelques heures de discussion. Il s'emploie alors à les convaincre un par un.
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Douze hommes, un accusé. L'enjeu du film n'est pas de savoir si le prévenu est coupable ou innocent mais de savoir si sa culpabilité ne fait aucun doute. La vie d'un homme se joue à un doute près. Une subtile nuance qui fait tout l’intérêt et la force du film puisque ce n'est pas un individu qui est jugé au travers de e film mais bien la société américaine en entier. En effet ce sont les attitudes et préjugés de juré qui sont en procès ici.
Douze hommes, douze personnalités différentes et à travers elles ont passe en revue toutes les souches sociales. Douze hommes, un chef d'orchestre. A l'exception du premier et du dernier plan l'intégralité du film se déroule dans une pièce unique.
Ce classique ne vieillit pas. La mécanique en est si précise, l'interprétation, si convaincante qu'il se revoit avec la même passion.
Le film de Lumet se nourrit de l'importance des détails. Puisque le vote n'est pas unanime, les jurés vont devoir retracer tout le procès, et tenter de se convaincre mutuellement qu'il faut ou non envoyer l'accusé à la chaise électrique.
Pour réussir un huis clos, il faut être un maître absolu du suspense. Douze hommes en colère en est empli : quand Henry Fonda se lève seul, seul contre tous, et subit la colère des autres jurés, il est difficile d'imaginer comment il arrivera à tous les convaincre.
Cette tension est accentuée par la chaleur du " jour le plus chaud de l'année ". Tous les jurés transpirent, se plaignent, veulent en finir. La chaleur accentue l'énervement des jurés, qui sont confrontés à l'impossible contrôle de leur pulsions émotives, induites par l'absence de bien-être.
Chacun des jurés est désigné par un numéro : on ne connait le nom d'aucun d'entre eux. Ils sont représentatif d'une certaine Amérique. Pas de femme, encore moins de minorités, et pourtant ces blancs vont statuer sur le sort d'un homme de couleur, mais des classes sociales et des origines différentes.
Sidney Lumet rend d'abord hommage à la justice de son pays, qui n'autorise l'envoi d'un homme à la mort que s'il est unanimement déclaré coupable. Le système
du " doute légitime " et de la nécessité pour l'accusation de prouver la culpabilité de l'accusé.Peu à peu les membres du juré prennent conscience que leur opinion s'était forgée sur des apparences et remettent en cause leur jugement.
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INGRÉDIENTS
Sauce bolognaise avec beaucoup de hachis
Feuilles de lasagnes barilla
Saucisson au jambon
Fromage en tranche
Oeufs durs
Fromage rapé
Béchamel
PRÉPARATION
- Faire une sauce bolognaise la veille et écumer le hachis
- Cuire les feuilles de lasagnes dans l'eau légèrement salée et avec un peu d'huile. Maximum 4 à 5 feuille à la fois pour éviter qu'elles ne collent entre elles
Une fois ramollies, mettez les dans un essuie propre
- Prenez une feuille et déposez-y à un tiers environ du bord
- Une cuillère de hachis
- Du saucisson au jambon
- Le fromage en tranche
- Deux tranches d'oeufs durs
- Enroulez la lasagne
- Déposez la dans un plat à four préalablement saucé avec la sauce bolo
- Répétez l'opération autant de fois que nécessaire
- Nappez le tout de la sauce bolognaise restante ou de béchamel ou au mieux les deux
- Ajoutez-y le fromage râpé
- Cuire au four chaud à 180° une petite demi-heure jusqu'a le fromage soit bien gratiné
BON APPETIT
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Les rues de Paris en 1811 sont de véritables coupe-gorge. Si Napoléon faisait trembler l’Europe, dans la capitale, ce sont les brigands qui font la loi. Le crime prospère sous toutes ses formes? Chaque nuit, on pille et l'on tue à la lueur des réverbères. Trente vols en une seule nuit au Faubourg Saint-Germain ! L'Empereur lui-même a été cambriolé deux fois. Et l'on ne compte plus les parisiens éventrés.
La police est d'un totale inefficacité : quelques bureaucrates, objets du mépris général, qui ne tiennent pas à risquer leur peau pour un salaire dérisoire.
François Vidocq, le bagnard, va rapidement mettre de l'ordre dans tout cela. Au début, ses moyens sont des plus modestes : on ne lui a confié qu'un seul agent pour le seconder dans son entreprise. Mais il va se charger lui-même du recrutement. Pour partir à l'assaut des bastions du meurtre et du vol, il ne lui faut pas des enfants de chœur. Vidocq sait où trouver les hommes dont il a besoin. Son principal terrain de prospection sera le monde des repris de justice, qu'il connaît bien, il arrache ainsi du bagne ou de la prison des condamnés souvent injustement victimes des rigueurs de la loi. : le vol d'un pain ou d'une poule vous entraînait souvent de ce temps-là, à l'ombre de la potence. D'emblée, ces hommes lui sont acquis, Vidocq les dresse rapidement. Il entend régner sur eux en véritable chef de bande. La première "police parallèle" de France est née. Son réseau mis en place, les résultats ne se font pas attendre. A l'école des mauvais garçons, Vidocq n'a plus rien à apprendre. Il connait tous les trucs, toutes les astuces de la pègre. Il peut se permettre de l'attaquer sur son propre terrain. Il a ses indicateurs, ses mouchards. Et il ne s'embarrasse d'aucune tracasserie administrative.
Il n'a de compte à rendre qu'aux plus haute instances de la police.
Vidocq, qui s'est intitulé sans ambages "chef de la Sécurité", frappe vite et fort. Avec l'aide de ses "barbouzes", il réussit coup sur coup plusieurs arrestations spectaculaires qui le rendent célèbre du jour au lendemain. Son système est bien au point : la première année, il mettra près de 2000 malfaiteurs hors d'état de nuire et cette cadence ne fera que s'accélérer. Vidocq paye de sa personne. Dans le petit bureau de la rue Saint-Anne qu'on lui a aménagé comme siège de ses services, on ne ne trouve presque jamais. Il participe , de jour comme de nuit, aux expéditions et se réserve personnellement les plus gros risque. Il fait plus de travail que toutes les autres polices de France réunies. Le "milieu" parisien l'a surnommé "le mec", ce qui dans l'argot du temps signifie "le chef". Son nom, murmuré avec une terreur quai superstitieuse, suffit à glacer d'effroi le plus endurci des criminels. On lui confie bientôt les missions les plus difficiles. Là où ses collègues ont vainement piétinés pendant des mois, Vidocq triomphe en une semaine. Rien n'échappe à ses investigations. Son flair est infaillible pour démasquer un malfaiteur avant même d'avoir réuni les preuve pour le confondre. Sa renommée qui se répand dans toute la France ne va pas sans lui attirer de solide inimités et de perfides jalousies. Mais chacun s'accorde à lui reconnaître une incomparable efficacité, qui lui vaut le respect même de ses ennemis. On le craint et on lui obéi.
On lui donne du "Monsieur Vidocq" et même du "Monseigneur", le bagnard, l'aventurier est devenu homme du monde. Les plus hautes personnalités du régime qui se trouvent dans un mauvais cas et qui désirent éviter le scandale s'adresse à lui pour le charger des missions les plus délicates. Au cours de rendez-vous clandestins, on lui confie les secrets les plus intimes, les plus terribles. Parallèlement, sa fortune et ses influences s'accroissent. Il consacre une grande partie de son argent à perfectionner sans cesse son réseau d'informateurs, dont les ramifications s'étendent maintenant dans toute la France. Il est au courant de tout ce qui se passe dans tout les milieux. Vidocq refuse pourtant de constituer des fichiers. Il fait confiance à sa prodigieuse mémoire pour enregistrer le flot de renseignements qui lui parviennent chaque jour.
Vidocq s’acharne à dénoncer le mal partout où il se trouve. Il n'hésite pas à dénoncer les débauches de tel magistrat réputé incorruptible ou de tel politicien réputé intouchable. Aucun tabou ne l'arrête, rien ne l'intimide. Chacun s'interroge sur la puissance occulte de ce justicier audacieux, qui ne possède pourtant que son sang-froid, son courage et sa perspicacité. Mais Vidocq, pour les avoir fréquentés de près et dans tous les mondes, connait bien les hommes, leurs faiblesses de leurs lâchetés.
L'impitoyable "Monsieur Vidocq" n'a cependant pas tout à fait oublié les années noires du passé. S'il est à l'occasion le détective privé des riches et des puissants, il sait aussi être l'homme de confiance des déshérités, des malchanceux, des criminels. Ne l'a-t-on pas surnommé le "banquier des bagnards ?". Il lui arrive de laisser filer un malfaiteur, de lui donner sa chance, cette chance que lui-même s'était vu si longtemps refuser.
L'activité de "général en chef" de François Vidocq ne se ralentira jamais au cours des dix-sept années durant lesquelles on lui permettra d’exercer son dangereux métier. Le premier chef de la "Sûreté" François traversera ainsi avec une même obstination les régimes politiques aussi variés que le Premier Empire, la Restauration, la Monarchie de juillet, la IIe République et le Second Empire. Dix-sept années d'exploits fantastiques en ont fait aux yeux de l'opinion publique l'homme dont on ne peut plus se passer.
La légende s'est rapidement emparée de Vidocq, mais elle semble toujours un peu en retard sur la réalité. L'existence du commissaire-bagnard dépasse vraiment tout ce qu'on a pu raconter de lui. Vidocq n'a rien à envier aux performances les plus fracassante des James Bond ou Lemmy Caution de la fiction. Il risque sa vie plusieurs fois par jours, affronte en combat singulier les plus cyniques criminels. Les plus jolies filles de France, fascinées par cet ancien forçat devenu gentilhomme, se disputent ses faveurs. Car les femmes sont restées sa plus grande consolation dans l'existence.
Dans tous les milieux, dès qu'on parle de Vidocq, en bien ou en mal, c'est en terme excessifs. Il enthousiasme ou il exaspère. On le déteste ou on l'adore, mais il ne laisse plus personne indifférent. Il empêche même beaucoup de monde de dormir. Il sait tant de choses ! N'est-il pas devenu le véritable chef de la police de France, presque un ministre.
Lentement mais implacablement, les jalousies, les rancunes, les désirs de vengeance vont s'accumuler contre lui. Mais avant que les politiciens ingrats ne parviennent à se débarrasser de ce serviteur devenu encombrant, Vidocq signera encore nombre de glorieux exploits, dont il serait vain de vouloir dresser une liste complète.
Un jour, Vidocq prend place dans la diligence que, selon ses indicateurs, une bande dot attaquer en cours de route. C'est au sabre et au pistolet qu'il mettra les malfaiteurs hors de combat. C'est également à la pointe de son couteau qu'il amènera jusqu'à son bureau des meurtriers arrêtés en chemin.
Vidocq fut chargé notamment de mettre fin aux activités de nombreux faux-monnayeurs. Pour se familiariser avec ce milieu, il aura recours à tous les subterfuges qu'il utilisait jadis : déguisements, fausses identités. Pour démasquer un suspect qui avait résisté à tous les interrogatoires, Vidocq se fait emprisonner avec lui. Pendant plusieurs jours, pour gagner sa confiance, il joue une incroyable comédie de désespoir, crie à l'injustice, rate même un suicide. Une maîtresse vient cependant le voir dans sa cellule. Le faux-monnayeur, enfin abusé veut utiliser cette femme pour lui faire porter un message à ses complices. Le lendemain, le faussaire, trahi par sa maladresse, se retrouve dans le bureau du commissaire Vidocq, son récent compagnon de geôle.
Vidocq se réservait généralement les tueurs dangereux mais aussi cette sorte d'escrocs faussaire, se prévalant de nombreux titres de noblesse et qui cachaient leurs filouteries sous des grands airs de gentilshommes.
Un jour, à l'entrée d'un restaurant à la mode, Vidocq, déguisé en garçon de café, met la main au collet d'un colonel chamarré de décoration, qui dupait et escroquait impunément depuis des années plusieurs notable de la bonne société. Une autre fois, il soulève à bout de bras, au milieu du tollé général le faux marquis qui s'indignait de ses manières de rustres et le jette ficelé dans son fiacre : Vidocq avait reconnu en lui un ancien compagnon de bagne qui avait reprit ses activités frauduleuses au détriment de l'Etat.
Le commissaire Vidocq est aussi passé maître dans l'art de l'interrogatoire. Beaucoup de ses méthodes sont encore d'application dans la police d'aujourd’hui. Il sait alterner avec beaucoup de psychologie la ruse, la candeur, l'effronterie, le bluff. Il désoriente le suspect par ses volte-face subites, lui laisse croire jusqu'au bout qu'il est dupe de tous ses mensonges. Il n'y a que la force que Vidocq ne se résout jamais à employer car il n'a pas oublié les bastonnades que lui infligèrent jadis ses nombreux garde-chiourne.
Le soir de la Saint-Sylvestre 1812, Vidocq a tendu un piège à un dangereux chef de gang qu'il traque depuis des mois.
Trois de ses hommes l'accompagnent pour cette périlleuse capture. Mais la souricière s'annonce longue et Vidocq congédie bientôt ses adjoints pour ne pas leur faire manquer leur repas du réveillon. Quelques instants plus tard, le commissaire, seul, arrêtait "au nom de la loi" son malfaiteur. Mais avant d'aller remettre sa prise à la préfecture, Vidocq décide de fêter à son tour, en cours de route, le nouvel an. Il emmène le bandit au restaurant, lui ligote les jambes à sa chaise et les deux hommes réveillonneront en tête à tête. A la fin du repas, le in aidant, Vidocq a recueilli tous les aveux du tueur, devenu doux comme un agneau et attendri jusqu'aux larmes.
Un autre jour, Vidocq surprend un criminel au chevet de sa femme en train d'accoucher. Il passe les menottes au bandit et l'attache au lit. L'homme le supplie de le laisser partir à la recherche d'une sage-femme. Vidocq hésite une seconde puis retrousse ses manches : "Ne vous tracassez pas. S'il est vrai que Louis XIV a accouché Mlle de La Vallière, je ne vois pas pourquoi je n'accoucherais pas votre femme. " Et quelques instants plus tard, Vidocq brandissait au-dessus de sa tête un garçon de 4 kilos dont il acceptait séance tenante d'être le parrain.
Toutes les arrestations ne s’effectuaient pas cependant avec autant de désinvolture. Vidocq, toujours en première ligne, prenait aussi souvent les coups et les blessures. "La police, disait-il, a aussi ses champs de bataille. Je combat pour la défense de l'ordre, au nom de la justice, comme les soldats combattent pour la défense du pays sous le drapeau de leur régiment. Je n'ai pas d'épaulettes mais je cours autant de danger qu'eux et j'expose tous les jours ma vie comme eux.
Dix-sept ans de cette vie ont passé. Vidocq a gagné beaucoup de bataille mais sa guerre contre le crime n'est pas finie. A Paris, en France, ses ennemis sont devenus suffisamment nombreux pour penser que le temps est venu de se débarrasser de lui.
La France de 1817 se cherche des têtes de Turc. Les mécontents sont ombreux. Ils veulent des coupables. François Vidocq est une cible toute désignée. La police n'est-elle pas la meilleure complice du régime ?
Le premier chef de la "sûreté" française a toujours fait son métier sans se soucier de la politique mais cela ne le met pas à l'abris des remous qui secouent les dernières années de la Restauration.
Le 20 juin, Vidocq reçoit une lettre du préfet de Paris l’accablant de reproche. Vidocq n'est pas habitué aux reproches. Depuis 17 ans, ses chefs n'ont jamais cessé de louer ses activités. Par retour du courrier; de sa plus belle plume, il répond à son supérieur : "Pour vous éviter, Monsieur, la peine de m'adresser de semblables lettres dans l'avenir et pour m'épargner le désagrément de les recevoir, j'ai l'honneur d'accepter ma démission. (signé) Vidocq.
Le lendemain, le Tout-Paris s'étonne de cette soudaine démission. On s'interroge. Le prestige de Vidocq est encore énorme, surtout chez l'homme de la rue. Mais les autorités vont s'évertuer à assombrir quelques peu son auréole : elles laissent entendre qu'une certaine opulence avait considérablement ralenti le zèle du commissaire.
Sans doute, Vidocq n'est-il pas complètement démuni. Deux ans plus tôt, il s'est fait construire à Saint-Mandé une confortable villa, décorée avec goût. Mais le commissaire Vidocq, toujours dans la force de l'âge, il a 52 ans, n'entend pas croupir dans sa retraite et il veut d'abord venger l'affront qu'on vient de lui faire subir. Il tient une vengeance toute prête, qui fait déjà trembler beaucoup de monde. Il publie ses Mémoires : quatre volumes qui feront un succès mondial. La vérité historique n'y trouve pas tout à fait son compte, mais Vidocq n'y est pour rien. Un éditeur peu scrupuleux est passé par là. Vidocq, furieux au début, se laissera convaincre par l'argument financier.
Le commissaire déchu décide alors de devenir un homme d'affaire. Autour de sa villa, il a fait construire des ateliers dans lesquels il fabrique du papier. Il se livre notamment à des recherches sur un papier spéciale, infalsifiable par les faux-monnayeurs. Sa main d'oeuvre est uniquement composée d'anciens bagnard. Mais le nouveau châtelain de Saint-Mandé ne connaîtra pas la paix au fond de sa retraite. On lui cherche misère à tout propos : la fumée de son usine, la férocité de ses chiens, le voisinage dangereux et sa bande de malfaiteurs repentis, à qui l'on impute tous les larcins commis dans la région. Vidocq triomphe cependant sans trop de peine de toutes ces petites mesquineries, mais il comprend qu'il n'est pas encore fait pour la passivité d'une petite vie de retraité.
A Paris, les événements vont vite. Le trône de Louis-Philippe bascule dangereusement. On est en 1832. Des barricades se dressent partout. Paris est en colère et il n'y a plus personne pour mater l'insurrection.
En haut-lieu, on se souvient brusquement de Vidocq. L'heure est grave et les hommes courageux sont rares. Vidocq n'aime pas se tremper dans les événements politiques mais son hésitation n'est pas longue. Investi de la mission de rétablir l'ordre, il choisit des volontaires et monte à l'assaut des barricades. Le commissaire est devenu un général. Et là, au milieu des rues en fièvre de la capitale, Vidocq peut constater que son prestige est toujours entier. Il est resté "le mec", et, devant lui, les insurgés s’éclipsent sans demander leur reste. Au bout de deux jours, Vidocq est maître de la situation. La royauté est sauvée de justesse. Vidocq se dédommage à sa façon : de sa propre autorité, il reprend son titre de chef de la sûreté, qu'un certain Coco-Latour, son ancien adjoint lui avait emprunté. Personne n'ose s'opposer à sa décision. Le Roi lui-même est reconnaissant. Il l'invite au palais. Vidocq, qui n'a pas perdu son sens de la facétie, se présente au souverain déguisé en duchesse et pendant dix minutes lui joue une incroyable mystification. Ce gag énorme fera rire longtemps la Cour.
Mais les ennemis de Vidocq ne désarment pas. Ce soudain retour en grâce a exacerbé leurs rancunes. Les journaux qui sont à leur service colportent sur l'ancien bagnard les plus sinistres anecdotes et les caricaturistes les plus féroces se déchaînent à leur tour.
Sa fonction de chef de la "Sûreté" amenait souvent Vidocq à comparaître à titre de témoin dans les grands procès de l'époque. Presque invariablement, l'accusation ou le ministère public se retournaient contre lui et, par des manœuvres dilatoires, tentaient de le mettre en cause. De sorte que c'était plus souvent son procès qui se faisait que celui des véritables inculpés. Mais les ennemis de Vidocq durent rapidement changer de tactique. Car dans cette forme de joute oratoire, la causticité, l'humour et l'inattaquable logique de Monsieur Vidocq mettaient facilement les rieurs de son côté. Et puis Vidocq sait aussi se souvenir ; sur chacun, il connait un secret, une anecdote que l'interressé ne tient pas à voir révéler. Non, décidément, il vaut mieux ne pas donner trop souvent la parole à cet homme qui sait tant de choses terribles.
Vidocq est pourtant conscient qu'il a mis le régime et même ses plus fidèles protecteurs dans une situation difficile. De toutes parts, on réclame sa tête. Personne pourtant n'ose lui demander sa démission. Alors, il l'offre. On l'accepte avec empressement. Six mois après son retour en fonction, Vidocq se retire sur un dernier sourire. Le lendemain, une certaine presse le fait passer pour fou. Mais Vidocq va leur prouver qu'il a tous ses esprits.
On le chasse de la police officielle ? Il créera "sa" police à lui ! Ancien homme d'affaires il se fixe pour tâche de purger le commerce de tous les escrocs qui s'y embusquent. Son réseau d'information couvre toute la France ; il a des relations partout, dans les ministères, dans les banques, dans les ambassades. Des banquiers, des industriels, des commerçants financent aussitôt l'entreprise d’assainissement de Vidocq. En peu de temps, ce dernier est plus riche, plus puissant, plus populaire que jamais. Dans les milieux officiels, ses ennemis ont accusé durement le coup. Ils guettent la première erreur de Vidocq, le pourchassant de tracasseries administratives. Un jour de 1837, l'épreuve de force éclate. La police légale vient perquisitionner chez son rival. On fouille le bureau de Vidocq, on confisque ses documents. Mais les adversaires de l'ancien bagnard ne pourront exploiter leur avantage. Ils ont eux-mêmes trop malmené la légalité et aucun magistrat n'ose se compromettre à les appuyer. Qu'à cela ne tienne ! La police estime avoir suffisamment d'arguments pour faire écrouer Vidocq. Et c'est ainsi que l'ancien commissaire se retrouvait pour la première fois depuis 25 ans derrière les barreaux d'une cellule.
Son procès fait grand bruit. Il tourne vite au spectacle. Vidocq, en vieux routier de la justice, à vite fait de renverser la situation en sa faveur. Pour couper court à la confusion de ses accusateurs, Vidocq, le 3 mars 1838, est solennellement déclarer innocent de tous les chefs d'accusations portés contre lui. Vidocq fait placarder à ses frais sur tous les murs de Paris des affiches donnant sa version des faits. A 62 ans, l'infatigable " Monsieur Vidocq " reprend ses activités et sa petite guerre contre la préfecture. Sa verdeur reste exceptionnelle. Beaucoup de femme peuvent en témoigner. On se raconte dans les salons ses exploits gaillards.
On parle de son " harem " avec des petits rires étouffés. Il a séduit des duchesses et même des femmes de préfets. Une ou deux se sont même tuées pour lui. Son remariage en 1830 avec une cousine n'a pas tempéré ses ardeurs. On l'a surnommé " pacha ". Sur sa vie privée, Vidocq se refuse pourtant toujours à faire le moindre commentaire.
1842 sera son année noire. Ses ennemis ont mis cette fois tous les atouts dans leur jeu pour lui briser définitivement les reins. La police officielle, son éternelle rivale, a glissé ses agents secrets dans le nombreux personnel de Vidocq. Sa comptabilité est surveillée de près. Sur faux témoignage d'un escroc facilement circonvenu, les agents de la préfecture surgissent un matin à l'aube, passent les menottes à Vidocq et saisissent dans son officine 8 000 dossiers concernant les affaires qu'il traite avec quelques 20 000 clients. Il retourne en prison.
Et, cette fois, les choses se présentent mal pour lui. On lui parle de bagne et même d'échafaud.
Le procès a lieu l'année suivante. C'est l'événement de la saison. De quoi l'accuse-t-on au juste ? La liste est longue : séquestration arbitraire, enlèvements, contraintes. On lui reproche de gagner trop d'argent. Tout ce qui a pu être interprété comme suspect dans sa correspondance est retourné contre lui. L'empoignade des avocats de la défense avec le ministère public est l'un des grands moments de l'histoire judiciaire. Mais, lorsque Vidocq se décide à plaider sa cause lui-même, c'est de l'enchantement. De ce public hostile par avance, il va arraché à sa guise des larmes et des rires. Il le met à ses pieds. Ses arguments portent comme des boulets de canon. Dans la salle, on applaudit à tout rompre. Un acquittement parait inévitable. Mais quel affront impossible pour ses rivaux ! Alors, on le condamne à cinq ans de prison et à de colossales amandes. Il faut faire évacuer le tribunal car la colère de la foule tourne à l'émeute. Mais Vidocq, ce vieux lutteur, fait aussitôt appel.
Et cette fois, en dépit de toutes les machinations dont il est l'objet, il sortira du prétoire non seulement blanchi de toute accusation mais porté en triomphe par une foule en délire. Vexé, le préfet de police veut lui interdire le territoire de Paris. Vidocq le menace d'un nouveau procès. Cette perceptive fait reculer la préfecture qui capitule devant ce vieillard de 70 ans.
Sa célébrité est désormais intouchable. Les plus grands écrivains de l'époque sont devenus ses amis. Alexandre Dumas, Lamartine, Eugène Sue, Balzac, Victor Hugo. Ces deux derniers ont décidé d'immortaliser son personnage : Vautrin, du premier et Jean Valjean du second sont les frères jumeaux de Vidocq, le commissaire-bagnard, qui passeront avec lui à la postérité.
Aventurier, détective, homme d'affaire, Vidocq est reçu partout. Il promène non sans complaisance sa hautaine prestance dans les salons à la mode. On se rassemble autour de sa crinière de lion, on l'écoute avec passion raconter mille anecdotes. Et, il sait, en se retranchant habilement derrière le secret professionnel, faire autour de lui un troublant parfum de mystère.
Elégant, dangereux, mystérieux, séduisant, Vidocq le restera jusqu'à la fin de sa longue existence, dont pourtant les dernières années ne lui apporteront pas le paix. Pour complaire à ses amis républicains, il acceptera de lui accorder son appui au moment des événements de 1848.
Il y perdra toute sa fortune et se heurtera à la plus totale ingratitude lorsqu'il devra se résoudre à mendier une pension auprès des milieux officiels. Vidocq a compris que cette année 1857 sera sa dernière. Une fièvre pernicieuse le ronge. C'est sa première maladie et il a 82 ans. Il meurt paisiblement dans son lit le 12 mai. " La mort est le sommeil du pauvre " avait-il dit quelques jours plus tôt. Peu d'hommes ont emporté dans la tombe autant de secret. Aujourd'hui encore, on s'interroge sur la véritable personnalité de Vidocq, sur les raisons de son extraordinaire puissance quasi occulte. Mais il faudra se contenter de cette appréciation de Lamartine, qui était devenu le meilleur ami du bagnard repenti : " Je l'aimais comme un frère, je l'estimais et je dirai hautement que c'était un honnête homme "
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