•  

     

    L'Homme qui retrécit

     

    Sur le bateau prêté par son frère pour un après-midi en mer, le publicitaire Robert Scott Carey traverse un nuage d'origine inconnue. Six mois plus tard, le malheureux constate avec stupeur que son corps s'amenuise. Nitrogène, calcium et phosphore l'abandonnent, tandis que ses molécules cellulaires subissent une inexplicable mutation. Réduit à des proportions dérisoires en moins de temps qu'il ne faut pour le pire, l'apprenti lilliputien bascule sans tarder dans un cauchemar minuscule. Et d'errer dans un environnement hostile où son chat, une fuite d'eau et une araignée constituent de redoutables ennemis. Pour l'infortuné perdu entre géant et néant, survivre exige désormais de chercher l'infime.

    ******

    Dans les années 50, la peur atomique provoque une véritable psychose.
    Holywood s'empare du sujet avec quelques réussites à la clé comme cet
    homme qui rétrécit réalisé par Jack Arnold qui a également
    réalisé " L'Etrange créature du lac noir "

    Ce qui fait la force de ce film de science fiction, c'est sa dimension
    philosophique clairement assumée lors du dénouement.

     

     

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    Cet homme, Scott Carey, est peu à peu dépouillé de son existence en tant qu'homme puis qu'être humain : sa taille, ses vêtements habituels,
    sa femme, sa maison. Il est bientôt réduit à l'état d'enfant, puis de petit
    animal, puis d'insecte.

    Les effets spéciaux utilisés dans ce film étaient tout simplement spectaculaire à l'époque. Récupérer la nourriture d'un piège à souris, affronter un chat ou une araignée... En changeant d'échelle, le monde familier devient monstrueux.
    La voix off nous fait partager les angoisses, la lucidité pathétique et, enfin, la sérénité philosophique de Carey, seul face à une tragédie sans espoir de retour.
    L'araignée de la cave est certifiée 100% arachnide véritable, et ça se voit à sa manière de courir.

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    " Je voulais créer un climat qui vous laisserait imaginer ce que ce serait si vous deveniez à ce point minuscule, que les choses banales et courante
    de la vie quotidienne deviennent bizarres et menaçantes. Un chat que
    vous adorez devient un monstre hideux, une araignée devient terrifiante,
    je voulais que la public s'identifie à cet homme et ressente les mêmes
    choses que lui... " Jack Arnold

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    Scott réalise quelle est la place de l'Homme, alors que l'infiniment grand et
    l'infiniment petit se rejoignent dans un dernier plan où l'on peut observer
    les étoiles : à l'échelle de l'univers, la taille de l'homme n'a pas de sens ;
    c'est simplement l'existence qui compte. Il ne disparait pas, il se contente de découvrir de nouveau défis dans l'infiniment petit, et de peut-être devenir
    l'homme du futur.
     

    Petite merveille du cinéma de science-fiction des années cinquante,
    L’homme qui rétrécit n’a rien perdu de son efficacité et reste probablement
    l’œuvre la plus remarquable sur ce thème indémodable de l’infiniment petit
    et du gigantisme. Jack Arnold met très habilement en scène les jeux sur le changement de taille des décors, en relation avec le rétrécissement physique
    du héros. Alors que la production exigeait un happy-end, le cinéaste réussit à imposer sa conception de l’histoire et une fin (différente de celle imaginée par Matheson) qui s’ouvre sur une vertigineuse réflexion métaphysique.

    Un pur chef-d'œuvre

     


    votre commentaire
  •  

    Bubba Ho-Tep

     

    Sebastian Haff vit dans une maison de repos pour personnes âgées au Texas
    et prétend être en réalité Elvis Presley. Selon ses dires, il aurait secrètement cédé
    sa place dans les années 1970 à un de ses imitateurs afin de mener pendant quelque
    temps une existence libre et simple. Mais un accident, qui l'a plongé dans le coma,
    et la mort prématurée de son sosie l'ont empêché de reprendre son identité.
    Maintenant vieux et malade, ce soi-disant Elvis a pour compagnon le vieil Afro-Américain
    Jack, qui prétend pour sa part être John F. Kennedy. Depuis peu, les deux hommes
    constatent qu'il se passe des choses étranges dans leur foyer, où les morts mystérieuses s'accumulent. Ayant mené sa petite enquête, Jack soutient que ces décès sont
    l'œuvre d'une momie égyptienne qui suce la vie des mortels.

     

    **********

     

    Ce film singulier mélange comédie et fantastique avec une sensibilité inattendue et un
    bon goût qui consiste à ne jamais se moquer des personnages ni de leur culture.

    On peut déjà parler de film culte. Ce film est un petit bijou. Il est surprenant,
    merveilleux, fou, étonnant, drôle et émouvant. Film inclassable :
    comédie / fantastique/horreur et émouvant à la fois...attention ce n’est pas une parodie,
    sur une histoire complètement folle traitée avec beaucoup de sérieux d'où les éclats
    de rires répétées dans la salles...c’est beau, c’est drôle, c’est touchant, surréaliste.

     

     Don Coscarelli est parvenu à maintenir son projet dans un équilibre difficile entre
    le grotesque et l’émotion, la dérision et la croyance, la plaisanterie et le sérieux.
    Il n’est pas interdit, pour savourer cette bonne surprise, dans un créneau qui en recèle
    de moins en moins

     

    Bubba Ho-Tep parle de la vieillesse, de l’amitié, de la maladie, sans qu’il soit bien
    sûr permis d’appréhender le film comme une œuvre grave dissimulée derrière
    une histoire de momie et de rock’n'roll.

    Bubba Ho-Tep réunit tous les ingrédients d’une recette qui n’existe pas,
    puisqu’elle permet de réaliser des films uniques, des anomalies n’appartenant à
    aucune catégorie, si ce n’est à celle fourre-tout de “film culte”.

     

     

    En premier lieu, le scénario est totalement déjanté, un Elvis vieillot combattant une
    momie dans une petite bourgade des Etats-Unis. Un pitch qui aurait sans doute
    tourné dans la série B, voire Z, si un autre scénariste s'en était emparé avant.
    Mais il n'en est rien, Coscarelli signe sûrement sa meilleure histoire, une fable
    habile traitant de la vieillesse, de la gloire perdue, mais aussi et surtout de la
    mort qui se rapproche...

    Alors que l'auteur lui-même déconseille à Coscarelli d'adapter Bubba-Ho-Tep,
    ce dernier décide par tous les moyens de se lancer dans cette adaptation,
    bien que son auteur la décrive comme étant inadaptable. Coscarelli rassemble
    alors l'équipe des Phantasms, et tourne ce petit bijou qui est l'un des meilleurs films
    de genre du XXIème siècle.


     

    Bubba Ho-Tep bénéficie d'un casting incroyable : le mythique Bruce Campbell 
    dans le rôle principal d'Elvis, qui signe la meilleure performance de sa carrière, et on peut réellement parler de performance tant sa prestation est d'une maîtrise et d'une
    précision qui surpasse les héros de films de genre classiques.

    Un film a voir de toute urgence


    votre commentaire
  •  

    La Vienne de l'après-guerre. Holly Martins, auteur de romans de gare,
    débarque dans une ville en ruines, ravagée par la guerre et partagée
    en 4 zones d'influences politiques (russe, américaine, anglaise et française).
    Il s'attend à y retrouver son vieil ami Harry Lime qui lui a promis du travail.
    Mais pas de Harry à la gare. Ni chez lui… Après une rapide enquête,
    Holly apprend la mort toute récente de son camarade, renversé par une
    voiture au pied de son immeuble. Intrigué par les diverses contradictions
    des témoins du drame, l'écrivain américain décide de prolonger son
    séjour et d'enquêter sur les circonstances de la mystérieuse disparition
    de son ami…

    **********

    Le Troisième homme (1949) - Carol Reed

    Le " Troisième homme " est un monument de l'histoire du cinéma,
    un superbe polar aux cadrages et à la lumière expressionnistes, à la mise
    en scène d'une beauté absolue.

    En plus de l'éclairage soigneusement travaillé, dans la tradition
    expressionniste, les angles des prises de vue sont absolument remarquables
    par leur correspondance avec les situations, atmosphères ou personnages.


    Grand classique du cinéma, Le Troisième homme conserve, plus de 60 ans
    après sa sortie, un intérêt et un charme intacts, du fait de ses qualités
    esthétiques, des interprétations brillantes de Joseph Cotten et d’Orson Welles,
    de la musique culte d’Anton Karas et d’une morale réaliste et désabusée.

     

    Le Troisième homme (1949) - Carol Reed

     

    Pendant une heure toute l'intrigue du film et les actions des personnages
    tournent autour de ce troisième homme, supposé mort, qui n'apparaît
    jamais à l'écran. On parle de lui tout le temps, on décrit toute sa vie,
    tout ce qu'il a fait ou pu faire, mais au final personne ne le connaît vraiment.

    De sa stupéfaction devant l’enterrement à ses retrouvailles alternées entre
    la joie et le doute, Cotten nous livre une prestation admirable dans ce
    personnage qui se met dans la peau d’un détective pour comprendre la mort
    de son ami et retrouver ce mystérieux troisième homme.

    Le Troisième homme (1949) - Carol Reed

     Le récit nous plonge dans un Vienne détruit par les bombes et sous le
    joug de la police militaire internationale. C
    ertaines scènes dans les égouts
    de Vienne ont réellement été tournées dans les égouts.

      

     Face à son copain qui croit encore, l'imbécile, que la vie est un roman, il grince, dans un sourire :

    « L'Italie des Borgia a connu trente ans de terreur, de sang, mais en sont sortis Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance.  La Suisse a connu la
    fraternité et cinq cents ans de démocratie. Et ça a donné quoi ? Le "coucou" ! »

    La réplique n'a pas été écrite par Graham Greene, semble-t-il, mais par
    Welles lui-même.

    On ne peut pas parler de ce film sans la musique culte du cithariste Anton Karas.
    Une des plus belle musique de film et reconnaissable entre toute.
    Un vrai morceau d'anthologie.

      

     

     


    votre commentaire
  • Annah Arendt

    Hannah Arendt, philosophe juive qui a fui l'Allemagne nazie avec son mari,
    est professeur dans une université américaine. Alors que va débuter
    le procès d'Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions
    de juifs, elle s'adresse aux responsables du New Yorker afin de leur
    proposer de couvrir l'événement. C'est qu'elle ressent le besoin de voir
    cet homme, de comprendre comment il a pu réaliser de telles atrocités.
    Mais une fois dans la salle dans laquelle se déroule le procès, elle réalise
    qu'elle n'observe pas un esprit diaboliquement machiavélique
    mais juste une personne médiocre qui a volontairement décidé d'arrêter
    de penser par elle-même afin de se soumettre à l'autorité.
    Elle ressent ce qu'elle appellera dans une série d'articles controversés qui deviendront un livre tout aussi controversé « la banalité du mal ».

    Son obstination et l’exigence de sa pensée se heurtent à l’incompréhension de ses proches et provoquent son isolement .

    **********

    Le film pose le cadre pour cette controverse historique avec une scène
    d’ouverture représentant l’enlèvement d’Adolf Eichmann, l’un des
    quelques hauts dirigeants nazis toujours en cavale.  L’idée vient à Arendt
    de couvrir le procès.

     Bien que soutenant l’État d’Israël, elle remet en question le concept
    d’un procès-spectacle dans lequel Eichmann serait utilisé comme
    symbole de la domination nazie et pour étayer la prétention sioniste de représenter et défendre le peuple juif dans son ensemble.
    Arendt voit l’holocauste comme crime contre l’humanité et non pas uniquement contre le peuple juif.

     

     

    Le procès est efficacement représenté par des extraits d’enregistrements originaux en noir et blanc.

     

    Un film sur la nature du mal. Ce film nous amène à réfléchir à la manière
    dont nous réagissons face aux propos des personnes voulant bousculer
    notre conception le monde, nos certitudes confortables.

     


    votre commentaire
  •  

    L'Odyssée de Pi - Ang Lee

    Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend
    une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage
    spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord
    d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide
    et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L’instinct de survie
    des deux naufragés leur fera vivre une odyssée hors du commun
    au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve
    d’un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable.

    **********

     

    L'Odyssée de Pi - Ang Lee

     

    Le film commence lentement, puis démarre en trombe pour nous faire
    vivre une aventure riche en action, émotion, et de magie le tout
    accompagné de magnifiques effets spéciaux.

    Sidérant est précisément le mot : une fois sur la barque, suspendue
    entre une mer infinie et un ciel qui, s’y reflétant, annule la pesanteur,
    le cinéaste taïwanais ne vise plus que cela.

    Visuellement, c'est une splendeur.

    Un film vraiment très beau visuellement, un équilibre harmonieux entre
    naturalisme et féerie. On ne peut qu'applaudir la réussite du tigre
    numérique! Il possède une côté philosophie et nous donne une vraie
    leçon de vie même si c'est une fiction.

    Un conte philosophique très réussi. La mise en images de Ang Lee
    est prodigieuse. Une beauté plastique exceptionnelle au service d'un
    scénario d'une grande originalité.

    Le dénouement de cette histoire est à double sens. En fait l’auteur
    nous propose deux histoires, et une interrogation tirée de ces dernières.
    Quelle est la part de la réalité et qu'elle est, celle sortie de l'imagination ?

    La première histoire d'une beauté quasi mystique fait l’essentiel du film : l’histoire d’un naufrage et de la cohabitation du héros et son tigre dans un canot
    de sauvetage. 

    Ensuite, il y a le retour à la réalité symbolisé par des agents d’assurance qui veulent une histoire crédible à mettre dans leur rapport, et notre héros de leur raconter une réalité plus prosaïque.

    Quelle histoire il préfère des deux ? 


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique