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Le Tableau ( 2011 ) - Animation - Jean-François Laguionie
Un château, des jardins fleuris, une forêt menaçante, voilà ce qu’un Peintre,
pour des raisons mystérieuses, a laissé inachevé. Dans ce tableau vivent
trois sortes de personnages : les Toupins qui sont entièrement peints,
les Pafinis auxquels il manque quelques couleurs et les Reufs qui ne sont
que des esquisses. S'estimant supérieurs, les Toupins prennent le pouvoir,
chassent les Pafinis du château et asservissent les Reufs. Persuadés que
seul le Peintre peut ramener l’harmonie en finissant le tableau, Ramo, Lola et
Plume décident de partir à sa recherche. Au fil de l’aventure, les questions vont
se succéder : qu'est devenu le Peintre ? Pourquoi les a t-il abandonnés ?
Pourquoi a-t-il commencé à détruire certaines de ses toiles !
Connaîtront-ils un jour le secret du Peintre ?**********
Jean-François Laguionie, nous fait voyager dans le monde de l'art,
au sein d'une peinture inachevée où règne une drôle de lutte des classes
entre des personnages plus ou moins terminés.
Quittant leur « cadre », certains d'entre eux partent en quête de leur créateur, le peintre...C’est le discours du « grand chandelier », le chef des Toupins.
A travers lui, on voulait évoquer les grands « parleurs » de toutes les
dictatures… il est vraiment ridicule, absurde !
Le grand Chandelier est coloré, assez séduisant. Sa corpulence apporte
une sorte de réconfort, comme certains hommes politiques …
Il flatte ses auditeurs, il leur dit qu’ils sont les plus beaux du tableau.
Et les Toupins se font avoir.Dans cet extrait, les militaires ignorent qu’ils sont dans un tableau.
Ils se croient enfermés dans une situation réelle. Finalement, ça nous
ressemble assez : on a tendance à mettre un cadre, à se fabriquer
des prisons mentales, alors que bien souvent, on peut en sortir,
il suffit d’essayer, de se dire que c’est possible.)
Les trois tableaux que l’on découvre dans cette séquence, Garance,
l’autoportrait et le petit Arlequin, ont tous été peints à Venise,
qu’on voit un peu plus tard dans le film. C’est une période de la
vie du peintre. Il « habitent » maintenant son atelier. Et, contrairement
aux héros de l’histoire, ils le connaissent. Ils nous apprennent quelque
chose sur lui, le grand absent du récit. Mais chacun des trois a sa
version, un point de vue très différent !La peinture de la grande femme est très sensuelle, très amoureuse.
Tandis que l’autoportrait a été fait beaucoup plus tard, peut-être après
une rupture. A ce moment-là, le peintre était d’une humeur tellement
épouvantable qu’il s’est représenté de cette manière !
Tout cela permet des dialogues rigolos, et des peintures à l’ambiance
très différente. L’une est aussi chaleureuse que l’autre est froide !**********
Ce film d'animation est un petit bijou de poésie et visuellement splendide.
Le travail sur les personnages est impressionnant tant ceux-ci sont
nombreux. Il ne manque aucun détail aux toupins, ils sont vêtus
de façon prétentieuse dans un style "haute couture", manifestement le
peintre s’est moqué d’eux mais ils ne le savent pas! Le peintre ne les
ayant pas terminés, les pafinis semblent avoir plus de liberté et de
spontanéité, il leur manque un pan de costume ou la couleur de la peau.
Les reufs sont des personnages fragiles, simplement esquissés, mais
dont le dessin du visage peut être aussi expressif que celui des
autres acteurs du tableau.Le Tableau est un bel hommage au dessin, à la peinture et
aux artistes en général.
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