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La nuit du chasseur ( 1956 ) - Charles Laughton
Harry Powell, un criminel psychopathe, est condamné pour vol. Il partage sa cellule avec Ben Harper, un fermier ruiné qui attend le jour de son exécution et fait, en dormant, de précieuses révélations que Powell recueille avec avidité. Powell comprend que Harper a caché quelque part les 10 000 dollars qu'il a volés, mais ne parvient pas à savoir où précisément. Libéré, Powell se rend dans le village où vit la veuve de Harper. Se faisant passer pour un innocent pasteur, il s'arrange pour faire la connaissance de la jeune femme et de ses deux enfants, puis il s'insinue dans leurs bonnes grâces. Il y parvient tant et si bien qu'il épouse la malheureuse...
La Nuit du chasseur n'est pas un succès commercial en terme d'audiences et de critiques lors de sa sortie. Le mauvais accueil du film par le public empêche Laughton de réaliser un autre film par la suite. Néanmoins, avec les années, le film réussit à acquérir un statut de film culte, notamment grâce à la prestation de Robert Mitchum.
Les critiques ont classé La Nuit du chasseur parmi les plus grands films de tous les temps. C'est un film unique. Il ne ressemble à rien d'autre et il s'agit de la seule réalisation de Charles Laughton. En 1954, l'acteur passe derrière la caméra pour adapter le roman de Davis Grubb, La Nuit du chasseur.
Dans la défroque du «serial killer», Robert Mitchum décroche son meilleur rôle. Il parle directement à Dieu en levant les yeux vers le ciel, prend une voix sucrée, refuse de toucher son épouse durant la nuit de noces. Sur ses phalanges sont tatoués les mots Love etHate. Tout cela appartient à la légende.
Ce petit bijou tourné en noir et blanc est une petite merveille, tant par la photographie que par la poésie. Quelques scènes cultes restent dans toutes les mémoires.
La fameuse séquence où l'on retrouve le cadavre de la disparue au fond de la rivière a été tournée dans une piscine du studio. Elle reste inoubliable, avec le mannequin sidérant de ressemblance ligoté au volant d'une Ford T immergée, les longues algues flottant comme des cheveux d'Ophélie. Il faut dire que Laughton avait dépensé 20.000 dollars de sa propre poche pour obtenir le résultat souhaité.
Qu-est ce qui est plus angoissant qu'un salopard qui pourchasse deux enfants innocents ? Et que le salaud en question est un beau parleur qui met tout le monde dans sa poche. Ce film est un conte noir et poetique qui a certainement inspiré Tim Burton. Il y dans certains plans, une lumiere, des cadrages et des jeux d'ombres, totalement inédits. Un pur chef-d'oeuvre.
Grâce au grand Stanley Cortez, directeur de la photo pour le film d’Orson Welles, la Splendeur des Amberson (1942), La Nuit du Chasseur est une sorte de Lanterne magique. Cortez déclara plus tard que parmi tous les réalisateurs avec qui il avait travaillé, seuls deux comprenaient l’importance de la lumière «cette chose incroyable qui ne peut être décrite»: Welles et Laughton. Réfracté par le prisme d’un cauchemar enfantin, ce film est tout en perspectives obliques et jeux d’ombres. L’entrée du révérend dans l’existence de John et Pearl, une des plus belles rencontres du cinéma, est un véritable attentat baroque.
Dans les mémoires, La Nuit du Chasseur demeure comme un film de poursuite – ce qui est étrange car c’est pour l’essentiel un film immobile. Mais cette illusion s’explique parfaitement. La poursuite est l’élément moteur du film, une poursuite qui voit les enfants, abandonnés par les adultes, échapper au révérend et s’enfuir sur une barque glissant dans le courant.
Au bout du trajet se trouve le refuge. Tels Moïse sauvé des eaux, John et Pearl sont recueillis par une vielle femme, Mrs Cooper (la grande Lillian Gish), figure maternelle qui devient leur protectrice.
C’est avec l’apparition de Gish que le film de Laughton, déjà remarquable, voit son propos gagner encore en profondeur formelle et thématique. Laughton considérait Gish comme l’élément central du film. Pour Laughton, le meilleur moyen d’atteindre la vérité passe par les formes les plus simples: le conte de fées, les références bibliques et, bien sûr, les images muettes.
Tout comme l’amour et la haine habitent tous deux l’âme humaine, la foi et la religion servent un objectif aussi corrosif qu’ennoblissant. Si le révérend représente le fanatisme borné et la certitude, Mrs Cooper redonne toute sa valeur à la foi, incarnant la compassion et la force de la religion chrétienne.
L’apogée expressive de ces deux facettes de la religion est présente dans une scène d’anthologie, qui voit le révérend, assiégeant la maison de Mrs. Cooper, chanter un cantique et se voir bientôt rejoint par la vieille femme, articulant ses propres mots de dévotion
Aujourd’hui, non content d’être devenu culte, il est considéré aujourd’hui comme un grand classique du cinéma, objet d’études sans fin des cinéphiles et cinéastes. Avec le recul, on s’aperçoit d’ailleurs à quel point les auteurs d’aujourd’hui ont pu être influencés par cette Nuit du Chasseur.
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Commentaires
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