Dans un confortable appartement londonien, le 31 décembre 1899, un cercle d'amis attend le maître de maison, George, un célibataire féru de sciences, qui les a invités à dîner. Celui-ci arrive complètement harassé et explique que, grâce à sa machine à voyager dans le temps, il est allé naviguer dans le passé. Ses amis n'en croient pas un traître mot et se retirent. Une fois seul, George met l'appareil en marche pour, cette fois, explorer le futur. Il est transporté successivement en 1917, en 1940, puis en 1966, où une catastrophe nucléaire le propulse vers l'année 802 701. George arrête alors la machine et découvre une Terre dévastée... Il s'aperçoit alors que la race humaine s'est divisée en deux espèces, une vivant à la surface, et l'autre sous terre. Quand sa machine est volée par le peuple souterrain cannibale, il doit risquer sa vie pour retourner dans son époque.
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Un film culte, l'une des référence du voyage dans le temps.
Un scénario riche et magnifiquement bien exploité tout le long du film.
George Pal nous livre ici une adaptation magnifique du livre de HG Wells, d'abord par la beauté des images; en effet les effets spéciaux des années 60 ont toujours conservé leurs charmes certes un peu désuet mais toujours aussi superbes; mais aussi une réflexion sur l'avenir de l'homme sur cette terre.
Ce roman de science fiction envisage donc la possibilité qu’en restant immobile en un endroit, l’homme puisse paradoxalement accomplir un voyage temporel. Dans l’adaptation cinématographique de George Pal en 1960, ce type de voyage se pratique confortablement assis dans un fauteuil en velours rouge, muni, à l’arrière, d’un disque à rotation très rapide et d’une lampe. Ainsi, le héros voit-il défiler les jours et les saisons de son poste d’observation absolument fixe, engin qui, peut-on lire, a été « fabriqué par H. George Wells ».
Pour transposer le roman de Wells à l'écran, certains aménagements sont effectués. Dans le roman, le voyageur se rend directement dans le futur lointain où cohabitent les blonds Elois et les sinistres Morlok. Pal choisit de rajouter deux étapes dans son trajet. George fait d'abord une pause en 1917, où il apprend la terrible réalité de la première guerre mondiale. Puis, il arrive en 1966 (six ans après la sortie du film, donc), et découvrent que s'y tient une troisième guerre mondiale au cours de laquelle des satellites lancent des bombes atomiques sur Londres !
C’est après que la 3è guerre mondiale ait éclaté que les êtres humains auront fini par disparaître, laissant sur le côté des charniers quelques survivants réduits à l’état animal ou devenu esclaves par le clan antagoniste le plus effronté. C’est ainsi que naquit le peuple docile des Elois condamnés à se soumettre à l’autorité des Morlocks. Des hommes mutants vivant sous terre qui auront réussi à dompter leur clan rival en leur proposant quotidiennement de la nourriture gracieusement récoltée. Un subterfuge sardonique pour mieux les ravir à l’âge adulte et leur servir de garde manger en guise de cannibalisme. Au milieu de cet univers faussement édénique car établi sans gouvernement ni démocratie, George, en pourfendeur plein de rigueur, va tenter de redonner un sens à la vie invariable des Elois pour les inciter à se rebeller contre la tribu des Morlocks réfugiés dans une caverne transformée en forteresse.
Pour restituer les images étonnantes que contemplent George lors de ses bonds temporels, George Pal déploie tout un attirail d'effets spéciaux classiques, certes, mais employés avec goût et un vrai sens de la poésie. Animation image par image, prise de vue passée en accélérée, rétroprojections... Autant de procédés simples qui nous permettent de voir changer les saisons à toute vitesse, d'assister au déplacement d'un escargot à la vitesse d'un bolide, ou encore de suivre la course du soleil, lequel parcourt dans le ciel en quelques secondes la distance qu'il couvre normalement en douze heures... Un vrai régal.
Une production d’anticipation au budget conséquent (1 million de dollars) va remporter un gros succès après de la critique et du public, remportant par la même une statuette oscarisée pour ses effets-spéciaux.
Le rôle principal est confié à l'acteur australien Rod Taylor, spécialisé à l'époque dans les seconds rôles à la télévision et qui joue ici son premier grand rôle au cinéma. Il apporte beaucoup de charisme et de spontanéité. Comédien énergique, aussi bien crédible en scientifique poète qu'en homme meneur d'hommes. Il se verra interpréter trois ans plus tard le rôle principal du film " Les Oiseaux " d'Alfred Hitchcock.
Cette irrésistible merveille de fantaisie et d’anticipation post-apocalyptique n’a rien perdu de son charme et de sa magie suintant de chaque péripétie superbement imagée.