-
L'Allégorie de la caverne
Dans une demeure souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés, prisonniers. Ils n'ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos.
L'un d'entre eux sera libéré de force de ses chaînes et sera accompagné vers la sortie. Il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, Ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? En effet, voir la lumière, qui représente la connaissance, n'est pas facile, c'est pourquoi le prisonnier va avoir tendance à faire demi tour, à demeurer là où il ne souffre pas mais aussi là où il est ignorant.
S'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire jusqu'a le tuer. En effet, Platon montre bien ici que la souffrance, l'incompréhension et l'ignorance amènent une réaction de révolte plus ou moins violente.
Comment expliquer que le prisonnier que l’on délivre se plaint de ces violences ?
Le prisonnier délivré se plaint en raison du passage brutal de son univers familier et donc rassurant à celui inconnu de la réalité et de la vérité. Il est attaché à son monde familier et connu.
Il subit deux sortes de violence : la première est physique, on le contraint à se mouvoir. Il est tout ankylosé et ses membres sont douloureux. Il subit des éblouissements successifs, obscurité de la caverne, puis luminosité du feu, puis luminosité de l’extérieur, et enfin, contemplation des sources lumineuses directement. La seconde violence est celle qu’il subit en comprenant que ce qu’il a toujours tenu pour réel est une copie de la réalité, que ce qu’il a tenu pour vrai est un faux-semblant, une illusion.
Les prisonniers de la caverne ne se sentent pas prisonniers, ils pensent que leur mode de vie est la vraie vie, ce qu’ils voient pour eux c’est réel c’est-à-dire que pour eux les ombres sont réelles. Cela s’explique par le fait qu’ils ne peuvent sortir de leur illusion car ils ne peuvent tourner la tête et par ce fait mettre en relation ce qu’ils voient au mur (les ombres) avec les marionnettes, le feu etc. Les prisonniers ne peuvent pas exercer leur propre jugement.
L’allégorie de la caverne nous enseigne sans ambiguïté qu’il nous faut nous libérer du pouvoir des opinions, nous affranchir donc des préjugés et de l’activité des sens, modifier radicalement notre vision du monde afin d’entamer une prise de conscience spécifiquement philosophique et d’accéder à la connaissance de la vérité. Les rapports entre opinion et vérité sont d’ailleurs contradictoires, puisque l’une empêche la connaissance de l’autre. Plus précisément, une opinion se présente à nous comme vraie, donc elle nous masque la vérité et l’envie de la découvrir plus loin.
-
Commentaires