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2012 - Roland Emmerich - 2009
Un astrophysicien indien découvre qu'un calendrier maya s’interrompant en décembre 2012 annonce la fin du monde pour cette date, ce que de gigantesques éruptions solaires semblent confirmer.
Le premier plan du film, un alignement du soleil, de la terre et de la lune, qui évoque bien évidemment 2001, donne la clé de la partition qu'a voulu jouer le réalisateur : la référence, non pas cachée mais étalée au contraire, et traitée comme un ensemble de pièces convergentes assemblées pour que le puzzle forme une image lisible.
Emmerich et son scénariste ne trichent pas : dès le premier quart d'heure du film on sait que la fin du monde est inéluctable mais que, quelques part, on construit des arches de la dernière chance. Le suspense primaire étant évacué, demeure le suspense secondaire, celui qui nourrit la ligne du récit, a savoir le petit nombre d'être humains montrés, à savoir une famille décomposée à laquelle s'adjoignent un milliardaire russe, ses deux enfants et sa maîtresse.
Le moteur de ce suspense mécanique opère sur une ligne unique : la fuite.
Qui use de nombreux moyens : à pied, en voiture, en petit avion, en avions plus gros. Et devant les éléments qui, le plus littéralement possible, se déchaînent, à savoir qu'ils perdent leur cohésion : des neutrinos (particules sans masse) brusquement chargés qui accroissent la température interne du globe. D'où sol qui se lézarde, se fendille, se crevasse, maisons qui basculent, tours qui s’effondrent, ponts autoroutiers se tordant comme des serpents, jusqu'aux portions de territoires qui se soulèvent, s'inclinent et glissent dans l'océan, ainsi de la Californie tout entière, dans un plan stupéfiant. Si l'on rajoute quelques morceaux de bravoure (l'explosion titanesque d'un volcan, ce porte-avion projeté par un tsunami s'écrasant sur la Maison-Blanche, un train qui tombe sur un avion en rase-mottes, cette vague de 1500 m de haut qui traverse une vallée himalayenne), on assiste à un catalogage du cataclysme, allant crescendo et méthodiquement organisé, qui, la perfection des effets visuels aidant, fait de 2012 un spectacle à voir comme tel.Emmerich puise dans son oeuvre (notamment Indépendance day) les morceau à recycler : l'Antonov décollant au milieu d'un nuage de poussière noire à la place de l'Air Force One poursuivi par les nuées ardentes, ou ce chien, ici échappant à un tunnel en flammes, là sauvé des eaux. Le gimmick des arches vient du Choc des mondes, tandis que, l'élament aquatique étant aussi important que l'élément terrestre, un paquebot qui se renverse évoque le Poséidon, le Titanic de Cameron étant lui aussi particulièrement pillé. Ces emprunts ne gênent aucunement, tant ils sont compris comme éléments emblématiques, stéréotypes utilisables à l'envi et insérés ici à la place qui doit être la leur.
L'élément humain, pioché dans ce qu'on peut appeler des "archétypes aménagés" ne va pas sans souffrir d'un tirage au sort convenu, avec notamment la mort du méchant et celle, bien opportune, d'un personnage dont l'élimination permet au couple vedette de se ressouder. Plus pertinents sont les débats entre les responsables sur le thème du "qui sauver ?" - les arguments pragmatiques du responsable du plan Arche se heurtant sans manichéisme à ceux, plus humanistes mais plus irréalistes d'un scientifique noir qu'on peut considérer comme étant le véritable héros du film.
Du point de vue idéologique et racial, Emmerich semble avoir voulu repousser d'avance les critiques qui lui sont parfois adressées quant à son prétendu patriotisme américain (il est allemand) en donnant le rôle du très digne président US à un autre Noir, tandis que la découverte des prémisses du cataclysme est de à un indien, que c'est en Chine que les Arches sont fabriquées, et alors que le continent le plus épargné qui, par un intéressant retour des choses, pourrait être le nouveau berceau de l'humanité survivante, n'est autre que l'Afrique. Certes on peut voir là de l'opportunisme. Peu importe puisque seul le résultat compte et que, dans son créneau, 2012 n'est pas loin d'un sans faute.
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